• J'avais une peur bleue du jour de l'accouchement. Non pas l'acte en lui-même (je savais à quoi je m'attendais puisque j'avais déjà eu Titi), mais de voir mon bébé pour la première fois. A quoi allait il ressembler ? Serait il vraiment difforme ? Quelle serait l'étendue de la malformation ?

    J'avais surtout peur de le rejeter. J'avais peur de ma réaction. J'avais peur de comment les gens percevraient la réaction. J'avais fait jurer à mon mari de ne pas m'en vouloir si je ne voulais pas prendre mon bébé dans les bras au début, si c'était au dessus de mes forces. Heureusement, il a été plus fort que moi sur ce coup là. Il m'a dit : "C'est justement parce qu'il a cette fente que je l'aimerai encore plus." Il ne m'a pas jugée, il a compris que je pourrai être dépassée par les événements, qu'il me faudrait un petit temps d'adaptation.

    J'avais peur de l'après naissance. J'avais peur du regard des autres. Les gens sont bêtes. Lorsque quelqu'un présente une anomalie, les gens regardent la personne avec encore plus d'insistance. Il devient une bête de foire. Ou alors c'est l'inverse, ils voient et détournent vite la tête. Mais nous, en tant que maman, on a bien remarqué qu'ils ont vu notre bébé avec une microseconde au mieux d'étonnement, au pire de dégoût.

    J'avais dit à ma sage femme que le premier qui regarderait mon enfant de travers, je serai un vrai pitbull avec lui. Et là, elle m'a répondu avec son naturel calme et en souriant : "vous voyez que vous l'aimez déjà, puisque vous le défendrez bec et ongles !"

    Oui, je t'aimais déjà Bébé Chat, mais j'avais un peu peur de toi. J'avais un peu peur de moi.


    votre commentaire
  • Bébé Chat a maintenant 18 mois et parle de plus en plus. Parfois, c'est assez rigolo, et il faut décrypter un peu. Mais avec un décodeur spécial bébé et le contexte, on arrive à trouver !

    Dernières trouvailles de mon petit bonhomme : lorsqu'il est l'heure de passer à table. Bébé Chat a bien remarqué que je dois dire bien fort plusieurs fois "A taaaaable !" avant que Papa et Titi n'arrivent. Alors il met aussi toute sa bonne volonté à aider maman à faire rappliquer les troupes !

    Lorsque je l'assoie dans sa chaise pour manger, il crie bien fort en direction du salon "A Paaaaabe ! " et quand  son frère ou Papa rappliquent, il montre la chaise et dit "afoua foua". On a bien fini par comprendre que ça voulait dire "assieds toi". C'est vrai que je le répète un certain nombre de fois avant de commencer le repas... comme bon nombre de mamans !!


    votre commentaire
  • Pour le diner, j'ai servi de la soupe à Titi. Je lui dis de faire attention car c'est chaud et qu'il faut souffler dessus.

    Après avoir soufflé consciencieusement plusieurs fois sur sa cuillère (au passage, on a bien entendu perdu la moitié de la cuillère...), il goûte puis fait une grimace et dit :

    "Maman, c'est encore chaud, j'arrive pas à calmer ma soupe !"


    votre commentaire
  • Pour moi, toute la fin de la grossesse a été gâchée par cette nouvelle. On dit souvent qu'on va à cette échographie pour connaître de sexe de notre bébé. Et bien non, on y va avant tout pour savoir si tout va bien.

    J'ai culpabilisé comme une malade. J'étais en pleurs tout le temps, non stop pendant une semaine. Heureusement, il restait une semaine avant les vacances scolaires. Mais je n'ai pas tenu devant les élèves, devant les parents... Tant pis. Mes collègues ont été supers. Elles ont pris plus d'une fois ma classe, mon atsem aussi. C'était pour moi horriblement dur de travailler avec des enfants à ce moment là. Je regardais mes petits bouts de choux et je me disais "Je suis maudite. Pourquoi moi ? Et pourquoi pas eux ?". Je me disais que c'était de ma faute, que mon corps avait mal fait son boulot. J'y ai fait un rapprochement avec des saignements en début de grossesse. Tout le monde avait beau me dire que je n'y étais pour rien, je ne pouvais pas le croire.

    Quelle cruauté que de devoir répondre avec le sourire aux parents qui vous demandaient si tout allait bien. Alors, vous êtes contente et patati et patata, tout se passe bien ??

    Pour une future maman, imaginer son enfant est déjà dur, alors imaginer son enfant avec une anomalie au visage, c'est carrément impossible. Ca me faisait peur. Il me faisait peur. J'avais peur de le trouver horrible, de le rejeter. Je suis passée par tous les sentiments. Et c'est normal.

    Ma bouée de sauvetage a été ma sage-femme. Elle a été extra. J'ai pleuré un nombre incalculable de fois sur son épaule. On a échangé plusieurs fois des regards où elle savait ce que je ressentais lors des séances collectives de préparation à l'accouchement. Elle s'est renseignée sur comment je pouvais allaiter, a appelé l'hôpital pour qu'on connaisse mon dossier quand j'arriverai le jour J... Elle a été formidable et a été mon antidépresseur personnel.

    Tout ça pour dire qu'il ne faut pas rester seule. Il faut aller vers quelqu'un, pas forcément de la famille. Tout le monde voudra vous réconforter bien sûr, mais la manière de s'y prendre ne sera pas toujours la bonne. "T'inquiète pas, ça se répare maintenant on fait de belles choses. Il aura qu'à porter la moustache, c'est moins grave pour un garçon que pour une fille." Ils ont beau se creuser la cervelle, toutes les remarques sont maladroites : oui ça se répare mais ça se verra, même un peu. non, j'ai le droit d'être déçue, en colère etc... parce que mon enfant ne sera jamais comme les autres. Et c'est quoi cette connerie de fille/garçon ? Les garçons c'est pas grave, ils ont le droit d'être plus moches que les filles ?

     Bref, je n'avais pas besoin qu'on me dise "C'est pas grave". J'avais besoin qu'on me dise "Viens, je comprends, pleure dans mes bras".


    votre commentaire
  • Comme son nom l'indique, il s'agit de faire un diagnostic sur les maladies ou anomalies possibles avant la naissance. Le DAN peut aller jusqu'à la proposition d'un avortement thérapeutique si les conséquences sont trop lourdes. Ce n'est évidemment pas le cas des enfants nés avec des fentes. Mais le personnel de ce service sait que vous n'êtes pas arrivés là par gaité de cœur alors tous les soignants font leur maximum pour que tout se passe au mieux.

    L'échographie du DAN est très poussée et a pour but d'affiner le premier diagnostic posé. Ce que je ne savais pas, mais je m'en suis bien rendue compte pendant l'examen, c'est qu'elle a aussi pour but de déceler d'éventuelles autres anomalies, dites anomalies associées.

    Avec le recul, tant mieux si je ne savais pas qu'elle chercherait autre chose, car si je l'avais su, je crois que je l'aurai beaucoup moins bien supporté.

    Ca a été donc un grand soulagement de savoir qu'elle n'avait rien trouvé d'autre (à part que je ne savais toujours pas l'étendue des "dégâts"). Si j'avais su... il y a bien eu quelque chose d'autre, quelque chose que ne pouvait pas déceler l'échographie et qu'on a découvert que le jour de la naissance... Suite dans un autre post.


    votre commentaire